Les Troggs au Gibus, Paris, 1980
Le groupe mythique est à Paris. La pêche comme au bon vieux temps. Nous avons pu rencontrer Reg Presley, Chris Britton, Ronnie Bond et Tony Murray, les Troggs. Nous les avions déjà vus il y a deux ans, au Palace, et la qualité de leur spectacle avait étonné plus d’un fan de la première heure. Il n’y avait donc pas de raison d’être déçus par cette nouvelle venue.
Wild Thing, With a girl like you, I can’t control myself. Et LOVE IS ALL AROUND qui sera repris par Wet Wet Wet. Qui ne connaît au moins un de ces énormes tubes de 1966 et 1967 ? Au contraire de nombreux groupes qui ont souvent disparu d’avoir voulu s’adapter à une époque qui n’est déjà plus la leur, les Troggs sont toujours restés fidèles à leur image du début, et, même si Reg Presley (décédé le 4 février 2013) avait pris un peu de ventre, les versions 1980 des tubes de nos quinze ans conservaient l’habillage super-efficace des années soixante.
Il ne s’agit pas, pour eux, de faire du neuf avec du vieux, mais de perpétuer la tradition “sixties” ainsi que le font leurs grands frères avec le rockabilly et le rock’n’roll.
Un rapide historique
Leur carrière démarra en flèche dès 1966 avec “Wild thing”, repris plus tard par Jimi Hendrix. Le second tube, tout aussi énorme, s’appelait “With a girl like you. Leurs troisième et quatrième succès,“l can’tcontrol myself” e t“Give it to me”, confirmèrent leur impact sur le jeune public international. Le superbe single “Hi hi hazel” marque la transition avec leur seconde carrière, dès lors plus orientée vers les slows de qualité (“Cousin Jane “Love is all around”, “Anyway that you want me”).
Passé cette époque fin 67, leur succès décline quelque peu, ne sachant plus vraiment s'ils doivent s’adresser au public américain ou anglais. Dès lors, ils rentrent dans la légende. Cette légende, pourtant, a son revers de médaille et le manque de tubes se fait sentir. La qualité, pourtant, reste présente. Des titres comme “Evil woman”, « I'm on fire”, même leur version de “Good vibrations” sont réellement dignes d'intérêt... mais les contrats discographiques se font rares et difficiles, tandis que les rééditions se succèdent à un rythme effréné. “Wild thing” se vend toujours, oui, mais pas les albums des années 70 et 80 (tels que “Troggs Tapes”).
- Est-il vrai que les Troggs sont actuellement sans contrat d'enregistrement ?
- Ce n’est pas tout à fait exact. En effet, notre nouveau 45 tours vient de sortir en Allemagne, et nous sommes en discussion avec Polydor pour le distribuer dans divers pays dont la France. Bien sûr, il est dommage que nos disques ne puissent pas sortir dans tous les pays en même temps.
- Lorsque vous jouez aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne, les réactions du public vous font-elles l'impression d’être une légende reposant sur son passé, ou bien voyez-vous de nombreux jeunes qui vous découvrent aujourd’hui encore ?
- Le public est partagé, mais c’est avec plaisir que nous voyons des jeunes gens de vingt ans venir à nos concerts après s’être procuré tous nos anciens disques. Cela nous réjouit, car nous réalisons que notre musique reste toujours actuelle.
- Malgré le côté mythique de vos prestations scéniques, est-il onéreux pour un patron de discothèque de vous engager ?
- Apparemment pas, puisque nous demandons 5000 F (Ndr : ce qui ferait aujourd'hui environ 800€) pour un concert en discothèque, avec, de plus, toutes les possibilités de discussion lorsque l’on peut arriver à rassembler plusieurs dates dans la même région.
- Etes-vous satisfaits de ce concert parisien ?
- Totalement, car le public était super et connaissait même par cœur certains de nos morceaux !
- Finalement, sur les quatre Troggs, trois en sont membres fondateurs. Qu'est devenu Peter Staples, le quatrième ?
- Nous ne l’avons pas vu depuis des années. Il doit au moins être électricien !
- Quel est, à votre avis. votre meilleur disque ?
Reconnaissons qu’en toute évidence, les meilleurs furent ceux qui on le mieux marché : “Wild Thing’ “With a girl like you”, et “I can't control myself”, avec une légère préférence pour ce dernier, car il est totalement représentatif de l’esprit de violence musicale des Troggs.