Hazel O’Connor, Paris, 1980
Hazel O’Connor est certainement l’un des personnages les plus attachants apparus sur la scène musicale et même cinématographique ces derniers mois de 1980. Son rôle dans “Breaking glass” où elle incarne le personnage de Kate l’héroïne, est tout à fait concluant : elle fait désormais partie des talents certifiés. Actrice émouvante et chanteuse envoûtante, Hazel O'Connor s'est largement entretenue avec nous du film, du disque et de sa carrière en général.
1980 restera une année décisive pour le cinéma musical : si "Fame" n'a pas su faire oublier "Saturday Night Fever" ou "Grease", l'extraordinaire "Breaking Glass" saura combler tous ceux qui n'ont pas vu "Stardust" au moment de sa sortie. Bien sûr, "Breaking Glass" n'est pas le film du siècle, mais il a au moins le mérite d'être l'un des meilleurs films musicaux de ces dernières années. Que demander de plus ? C'est souvent un grand talent que de remplacer les "effets" par... l'émotion. Comment vous inciter à aller voir "Breaking Glass » (en sachant, d'ailleurs, que vous ne le regretterez pas !) ?
L'histoire est celle d'un groupe new-wave, de ses premiers balbutiements à sa fin... C'est-à-dire du graffiti dans le métro jusqu'à la chute de l'héroïne Kate (Hazel O'Connor), chanteuse de talent dont la voix se rapproche fortement de celle de Lene Lovich. Dans l'ombre de la talentueuse blonde que personne ne confondra avec Debbie Harry, on retrouve Phil Daniels dont on sut apprécier l'efficacité dans "Quadrophenia" et le moins célèbre "Scum”.
Phil, au départ petit besogneux a la solde d'un directeur artistique malin, devient rapidement manager du groupe de Kate. Mais tout n'est pas rose dans le show-business britannique et Kate, manipulée par les "requins” qui l'environnent, perdra jusqu'à sa propre personnalité... n'en prenant conscience que lorsqu'il sera trop tard.
Quand a ceux qui se demandent pourquoi ce titre, "Breaking Glass", suggérons que le symbole du disque d'or brisé dans son support de verre est une parfaite image de la fragilité de cette si attachante héroïne.
- Comment as-tu obtenu ce rôle “en or” ?
- Par chance, en partie, car à l'origine le rôle devait être interprété par un homme.
- Es-tu plus attirée par le métier d’actrice que par la chanson ?
- Il y a un an, lorsqu'on me posait la même question, je répondais que je préférais la musique, à coup sûr. Aujourd'hui, les deux m'intéressent également dans la mesure où je peux trouver des rôles qui me conviennent. Mon prochain film devrait être pour la Paramount. J'ai écrit un scénario qui, j'espère, verra bientôt le jour.
- Avec la qualité et l'intérêt de “Breaking Glass”. on peut logiquement penser, surtout si le public américain l’apprécie, que tu deviendras sans doute une très grosse vedette. Es-tu prête a assumer ce statut de rock-star ?
- Je pense qu'en travaillant et en gardant la tête froide, je dois pouvoir m'en sortir sans "flipper" ! A l'heure actuelle, le disque, déjà, marche très bien dans certaines parties des États-Unis ou le disco marche moins. Pourtant, la new-wave n’a jamais vraiment démarré aux U.S.A. qu'à partir de ''Heart of glass", titre qui n'a aucun rapport avec la new-wave.
- Lorsque l’on voit « Quadrophenia », “That’ll be the day”, “Stardust” et “Breaking glass” on a l’impression que le show-business n’a pas vraiment évolué de 1960 à 1980, puisqu’on retrouve toujours les inévitables cocktails, les directeurs artistiques qui ne comprennent rien à la musique... et les petits malins qui achètent des tonnes de disques chez les disquaires pilotes pour faire monter le titre dans le hit-parade !
- Effectivement, avec l’arrivée du punk, on a cru que tout allait changer. On a assisté à l'éclosion de nombreuses firmes, nouvelles, petites et dynamiques ; on croyait que tout cela allait dépoussiérer un métier sclérosé. Finalement, on repart à nouveau dans la même situation. L'état est en partie responsable de la crise du disque, en raison des taxes (TVA, droits d'auteurs, etc.) beaucoup trop élevées. C'est aberrant de voir qu'en Angleterre, un import américain coûte presque moins cher qu'un pressage national. On a cru changer le monde, mais c'est raté !
- À l’heure actuelle, te sens-tu plus proche de Kate du début du film... ou de la star déchue de la fin ?
- Heureusement, je m'apparente encore au côté positif du personnage ! Je n'ai vraiment pas envie de perdre ma santé mentale comme l'héroïne du film ; mais Kate est assez paranoïaque. Dès le début du film, on voit qu’elle est seule, sans amis. Cet isolement, cette solitude sont déterminants pour la déchéance de l'héroïne. En ce qui me concerne, je ne veux pas être un produit des médias, je souhaite contrôler à la fois ma musique et ma personnalité.