Peter Noone, d'Herman's Hermits aux Tremblers, 1980
Peter Noone n’est certes pas un inconnu pour le public français... et encore moins pour les Anglais et les Américains. Peter, en effet, commence sa carrière de chanteur à l’âge de 15 ans au sein du célèbre groupe Herman’s Hermits. Les tubes se.succèdent pendant trois ans, de “Mrs Brown vou’ve got a lovely daughter” à “Silhouettes”, en passant par “No milk today”, “Dandy" et “Je suis Anglais”.
Quinze ans plus tard (1980), Peter est de retour, avec un excellent groupe, The Tremblers, et un super album aux sonorités “typiquement américaines", intitulé “Twice nightly”. Nous l’avons “cueilli” presque à sa descente d’avion puisqu’il arrivait à son hôtel pour se prêter fort gentiment à nos questions… et en français car Peter parle notre langue.
Peter, à l’écoute de ton nouvel album, on a l’impression qu’il s'agit du plus énergétique que tu aies jamais enregistré. Cela veut-il dire que, durant la première partie de ta carrière, tu aies été obligé de contenir ton énergie ? Etais-tu obligé de chanter des ballades bien gentilles pour conserver un public fort jeune ?
Effectivement, il s'agit de mon album le plus "énergétique ». Mais cela correspond à mon état d'esprit d'aujourd'hui. Les chansons gentilles que j'interprétais dans les années 60 correspondaient à l'époque, au même titre que celles des Tremblers aujourd’hui. C'est avec l'âge que je suis devenu un peu plus "rock" ; aujourd'hui, je joue de la guitare sur scène, cela donne obligatoirement une "action" supplémentaire.
Aimes-tu la scène ?
Je vis pour ça, actuellement. Je viens de terminer une tournée américaine de vingt-deux dates et je repars dans quelques jours pour une autre tournée de 70 jours ! Si tout va bien, j'envisage un tour d'Europe avec, j’espère, des concerts en France. Tout dépend du succès de l'album.
Te sens-tu plus américain qu’anglais ?
Pas exactement. Je me sens surtout... européen ! Ce que j'aime, c'est toute l'énergie que l'on trouve dans la musique américaine. J'adore jouer dans les discothèques US, qui contiennent entre 600 et 1 000 personnes. Il y en a vraiment beaucoup qui viennent de réouvrir aux Etats-Unis après le déclin du disco. Bref, ma carrière a toujours été plus axée sur les Etats-Unis, car Herman's Hermits y a vendu entre 30 et 40 millions de disques alors qu'on en a vendu le quart dans le reste du monde. Beaucoup d'Anglais, d’ailleurs, s’y sont installés. J’ai aujourd'hui beaucoup d'amis aux States.
Tu as vécu quelque temps en France, je crois ?
Oui. J’y étais en partie pour raisons professionnelles... mais aussi en tant que touriste car j’aime ce pays. J'ai résidé dans le Sud. Mais, malgré les succès que j'ai obtenus en France avec mes 45 tours, c'est aux Etats-Unis que j'ai participé aux disques de Phil Everly et Elton John. Un exemple type : lorsque j'entends à la radio un disque de Johnny Hallyday, j'en connais déjà la version originale en anglais.
Bruce Johnston, mentionné sur la pochette, a-t-il une très large importance vis-à-vis de la réalisation de cet album ?
Non, car il n'est qu' "executive producer"; c'est-à-dire que le véritable producteur, c'est moi-même, mais Bruce a signé les contrats ! Bruce représente Johnston Records, car il a toujours aimé ce que j'ai fait.
Sur ton album, on note la participation de Dave Clark. Es-tu encore en contact avec d’autres musiciens des années soixante ?
Pas vraiment. Dave Clark, lui, souhaite démarrer une nouvelle carrière... mais pas comme batteur ! Je revois aussi Gerry, leader des célèbres Gerry and The Pacemakers. Mais tout mon entourage est en fait constitué de gens relativement nouveaux vis-a-vis du show-business... Bien qu'ils soient plus vieux que moi !
Bizarrement, le nom des studios d'enregistrement a été mentionné, mais pas le lieu. Néanmoins, le son est très américain...
Oui, il a été enregistré totalement aux Etats-Unis, principalement en Californie, "downtown" Los Angeles, et un peu à New York. On a essayé d'économiser sur les frais d'enregistrement ; néanmoins, nous avons travaillé dans le studio de Captain & Tennille, ainsi que dans celui où John Lennon a enregistré son nouvel album.
À l’écoute de l'album dans son intégralité, on constate que tous les titres sont excellents... mais qu’il n’y a pas de “gros” tube potentiel. Est-ce volontaire ?
J'espère qu'il y a un tube ! Mais l'album a été enregistré dans l'optique américaine. Chaque station de radio choisit son titre préféré, nous n'avons pas enregistré de "45 tours potentiel". Je ne veux pas recommencer le trip hit-parade, car l'échéance en est toujours courte. Avec Tremblers, nous avons signé un contrat pour cinq albums et j’espère bien en venir à bout !
Comment as-tu regroupé tes nouveaux musiciens ?
Mon organiste et claviers était avec Bob Dylan, le guitariste était avec Barbra Streisand et Tonio K, le batteur faisait partie de The Pop, et le bassiste travaillait avec Eric Burdon and The Animals. L'ensemble fut tout de même assez long, puisqu'il m'a fallu 18 mois pour voir tout le monde, les auditionner, aller les voir en concert et leur demander s'ils seraient intéressés de jouer avec moi.
Il y a trois mois, nous rencontrions les Beach Boys. Tout comme eux, tu fais partie des gens que l’on interviewe autant pour leur passé que pour leur présent. Est-ce que cela te gêne ?
Non ! Je n'ai pas honte de mon passé. Dès l'âge de quinze ans, époque à laquelle j'étais un apprenti, je me suis toujours intéressé a tous les problèmes artistiques et techniques. Aujourd'hui, je sais produire, écrire, chanter sur scène.
À l'époque du sommet de ta gloire, n'as-tu jamais risque de "flipper" face à un tel engouement, une telle pression ?
Non, car j'adore prendre l’avion, tourner, changer d'hôtel tous les jours. Je pense que les artistes qui "flippent" sont ceux qui n'aiment pas vraiment leur métier. J'ai toujours eu assez d'énergie pour ne pas me laisser dépasser par les événements.
Les publicités et la promo à venir seront-elles axées sur un nouveau groupe ou sur le retour d'une grande star ?
J'espère que cela restera anonyme. Aux Etats-Unis, en tout cas, toutes les pubs ont été axées uniquement sur Tremblers, nouveau groupe de rock.
Ne penses-tu pas que le “star-system” a diminué d’intensité depuis les années 60, avec toutes ces petites filles qui hurlaient pendant les concerts de Herman’s Hermits ?
Bien sûr, le star-system n'est plus aussi fort... mais c'est tant mieux. Evidemment, je suis heureux de voir des foules en délire, mais je préfère un public évolué et intelligent. Je souhaite vendre des disques et que mon public suive l'évolution du groupe.
On a l’impression que tu es un homme heureux...
Oui, car Tremblers correspond totalement à ce que je souhaitais faire depuis des années. C'est mon "petit bébé" et je suis réellement comblé d'assister â sa naissance et a son évolution !