Scorpions, 1977

Scorpions

Leurs concerts parisiens ayant été annulés, j’avais fait un voyage en train jusqu’à Strasbourg en compagnie de l’excellent Philippe LACOCHE qui représentait le mensuel BEST. Nous rencontrâmes des chevaliers teutoniques opérationnels depuis plus de quinze ans alors que la France les découvrait à peine. C'était sept ans avant « STILL LOVING YOU » !
Scorpions, c’est tout à fait dans la lignée des meilleurs moments de Zeppelin ! Leur son typiquement britannique en trompe plus d’un. Finalement, personne ne s’en est plaint puisque, il faut bien le reconnaître, la province garde encore l’avantage des petits rassemblements. Bref, cela valait le déplacement et l’interview se déroula dans une boîte-cave-brasserie très relax après un splendide concert.
Le groupe venait de se distinguer par la sortie de quatre albums chez RCA, dans l’ordre : « Fly to the Rainbow », « In France », « Virgin Killer » et surtout « Taken by force ». Bref, une si longue carrière méritait quelques questions… Cinq sympathiques gaillards, aussi calmes après le concert qu’énergiques pendant leur performance, s’y prêtèrent avec énormément de gentillesse.

- Comment expliquez-vous le fait de toujours exister alors qu’il y a très peu de groupes à avoir passé le cap de la décennie ?
- Tu sais, si nos véritables débuts remontent à 1961, la formation a beaucoup changé depuis. Du rock pur de cette époque à celui d’aujourd’hui en passant par notre période sixties. Notre ancien guitariste, notamment, Michael Schenker, s’est joint à un groupe britannique relativement connu, puisqu’il s’agit de UFO. Puis, tout récemment puisque il y a seulement quelques mois, notre batteur Rudy Lenners, qui remplaçait déjà Jurgen Rosenthal, nous a quittés. Le « petit nouveau » s’appelle Herman Rarebell qui, si on croit tout ce qu’il dit, a joué avec tous les plus grands musiciens de ces dernières années !
- On a en France une idée bien définie et dépourvue de tout fondement en ce qui concerne le rock allemand, « Kraut Rock ». Quel est votre avis sur les autres groupes allemands ?
- Les planants sont morts ! Ils marchent encore en Grande-Bretagne ainsi qu’en France alors que chez nous ils sont déjà presque oubliés. En ce qui nous concerne, il est amusant de constater que nous sommes un des rares groupes allemands « hard » alors que par nos influences, nos tempéraments et notre formation classique nous aurions dû être des « babas cool » !
- L’un de vos titres les plus accrocheurs s’appelle « Speedy’s coming » et figure sur « Fly to the Rainbow ». Il semble pour le moins, destiné à quelqu’un de bien précis. De qui s’agit-il ?
- Tout simplement de notre guitariste Rudolf dont le surnom est justement, « Speedy ». Dans cette chanson, nous citons David Bowie, Ringo Starr, Alice Cooper. Sans être arrivistes, nous sommes ambitieux et aimerions être aussi connus que ces trois là ! L’auditoire en Allemagne n’est pas suffisant et aujourd’hui nous visons les Etats-Unis, espérant y faire carrière un jour ou l’autre.
C’est ce que nous leur souhaitons car, aussi paradoxal que cela puisse paraître, Scorpions pourrait rapidement s’imposer comme LE meilleur groupe de hard rock international, simplement par la coïncidence de deux facteurs : d’un côté, la désagrégation ou la disparition progressive des dinosaures tels que Deep Purple, Rainbow, Led Zeppelin, et d’autre part la montée en puissance de Scorpions, un groupe qui ne manque pas de piquant.